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Vous avez trouvé le local parfait pour lancer votre activité ? Super. Mais attention : avant d’ouvrir vos portes, il reste une étape clé (et parfois piégeuse) : signer votre bail.
Bail commercial, professionnel, précaire… lequel choisir ? Quels sont vos droits ? Vos obligations ? Et surtout, comment éviter les erreurs qui pourraient freiner votre projet avant même son démarrage ?
Dans ce guide, on vous donne toutes les clés pour comprendre, négocier et sécuriser votre bail, dès le départ. L’objectif est simple : vous aider à avoir des bases solides, et vous concentrer sur ce qui compte vraiment : développer votre entreprise.
Qu’est-ce qu’un bail commercial et à quoi sert-il ?
Le bail commercial est un contrat de location conclu entre un propriétaire (le bailleur) et un entrepreneur ou commerçant (le preneur), dans le but d’exploiter une activité commerciale, artisanale ou industrielle dans un local. Ce type de contrat encadre les conditions d’occupation du local et assure une certaine stabilité au locataire, généralement sur une durée de neuf ans.
Pour pouvoir conclure un bail commercial, le locataire doit être immatriculé au Registre du commerce et des sociétés (RCS) ou au Répertoire des métiers (RM). Ce contrat constitue donc une base essentielle pour tout créateur d’entreprise souhaitant s’installer durablement. Il n’est pas possible de conclure un bail commercial quand on exerce une profession libérale ou civile.
Quels sont les différents types de baux professionnels ?
Le bail commercial, souvent appelé "bail 3-6-9", est le plus courant. Il engage le locataire pour une durée minimale de neuf ans, avec la possibilité de résilier tous les trois ans. Il offre un cadre protecteur, notamment avec un droit au renouvellement ou une indemnité d’éviction si le bailleur refuse ce renouvellement sans motif légitime.
Le bail professionnel, lui, s’adresse aux professions libérales. Sa durée minimale est de six ans, avec des modalités de sortie plus souples que le bail commercial, mais une protection juridique moins renforcée.
Le bail précaire ou bail dérogatoire est une solution temporaire pour tester une activité. Il ne peut excéder trois ans et ne donne pas lieu à un droit au renouvellement. Ce type de bail est généralement choisi en phase de lancement ou pour des projets ponctuels.
Le bail saisonnier est conclu spécifiquement pour les activités saisonnières, il a une durée de 3 à 6 mois, et peut être renouvelé chaque saison, cependant il est interdit d’exploiter le fonds de commerce en dehors de ces périodes, sinon le contrat pourra être requalifié en bail commercial.
Enfin, le bail mixte permet un double usage du local : professionnel et d’habitation. Il est moins courant et nécessite une rédaction rigoureuse, surtout si l’espace est partagé.
Quels sont les éléments essentiels d’un bail commercial ?
La loi n’oblige pas à ce que le contrat de bail soit écrit, nous vous conseillons fortement de le faire rédiger. Traditionnellement le bail commercial est rédigé par un professionnel, nous vous déconseillons de le rédiger vous-même ou de signer un bail rédigé par le bailleur lui-même compte tenu de l’importance de l’engagement lié à ce contrat.
Un bail commercial bien écrit doit contenir plusieurs éléments indispensables. D’abord, l’identité des parties et la description précise du local sont fondamentales.
Vient ensuite la “destination des lieux”, c’est-à-dire l’activité que le locataire est autorisé à exercer. Il est crucial de veiller à ce que cette clause soit suffisamment large pour permettre l’évolution de l’activité sans nécessiter une renégociation du bail, si vous changez complètement d’activité, mais que vous souhaitez garder votre local, vous devrez avoir l’accord du bailleur.
Cependant, si vous décidez d’exercer une activité “connexe” ou complémentaire à celle indiquée dans votre bail, vous pouvez faire une demande de déspécialisation partielle de l’activité auprès de votre bailleur. Ce dernier ne pourra refuser cette demande que s’il est avéré que l’activité supplémentaire n’est pas connexe à celle mentionnée sur le bail.
Bon à savoir : toute clause du bail commercial interdisant au locataire d’effectuer une demande de déspécialisation est réputée non écrite.
Le montant du loyer, les modalités de paiement, le dépôt de garantie, la répartition des charges et la clause de révision du loyer sont également des points clés à examiner avec attention. Le bail peut aussi contenir des clauses sur la sous-location, les travaux, ou encore la cession du droit au bail.
Une lecture attentive (et idéalement accompagnée d’un professionnel) est vivement recommandée pour s'assurer que les termes du contrat correspondent à vos besoins et ne freinent pas votre développement.
Bon à savoir : si vous ouvrez une société, il faut que votre société soit désignée comme locataire du bail !
Quels sont les droits et devoirs du locataire et du bailleur ?
Le locataire bénéficie de plusieurs droits importants, notamment celui de renouveler son bail à l’issue des neuf ans, ou de recevoir une indemnité d’éviction si le bailleur refuse le renouvellement sans motif valable. Il peut par ailleurs céder son bail à un repreneur, sous certaines conditions. En contrepartie, le locataire doit respecter la destination du local, entretenir les lieux et bien sûr s’acquitter du loyer et des charges prévues au contrat.
Le bailleur, de son côté, est tenu de garantir une jouissance paisible du local et d’assumer certains travaux, surtout ceux liés à la structure du bâtiment.
Le bon respect de ces obligations réciproques est essentiel pour maintenir une relation saine entre les parties tout au long de la durée du bail.
Qu’est-ce que le droit au bail ?
Le droit au bail est une notion essentielle dans le cadre d’un bail commercial. Il s’agit d’une valeur que peut revêtir le bail lui-même. Lorsque vous cédez votre entreprise ou votre local, vous pouvez céder également le droit d’occuper ce local dans les mêmes conditions, ce qui représente un atout considérable pour le repreneur.
Ce droit peut avoir une valeur marchande importante, notamment si le loyer est attractif et que le local est bien situé. Il peut être cédé à un tiers avec ou sans le fonds de commerce, selon les termes du contrat. La valeur du droit au bail dépend donc directement de l’attractivité du local et des conditions du bail en cours.
C’est un levier stratégique pour tout entrepreneur qui souhaite céder son activité ou simplement monétiser l’usage du local à terme.
Le droit au bail : mode d’emploi
Si vous reprenez un local déjà exploité, vous devrez acheter le droit au bail du précédent locataire.
Pour acquérir un droit au bail, il faut :
- Trouver un local avec un droit au bail en vente
- Vérifier la valeur du droit au bail (zone géographique, loyer actuel, attractivité)
- Négocier le prix avec le cédant et le bailleur
- Faire valider la cession par le bailleur (souvent obligatoire selon les clauses)
Attention cependant à certains pièges :
- Le bail peut contenir une clause interdisant la cession sans l’accord du bailleur
- La durée restante du bail peut être courte : pensez à bien vérifier pour éviter un renouvellement imminent et une éventuelle hausse de loyer.
Bon à savoir : il ne faut pas confondre le droit au bail et le fonds de commerce. Le droit au bail est uniquement le droit d’occuper le local aux conditions existantes (moyennant un prix). Le fonds de commerce quant à lui inclut le droit au bail, la clientèle, le matériel et le stock. Quand vous achetez un fonds de commerce, le droit au bail est inclus, mais on peut aussi acheter exclusivement le droit au bail.
5 questions à se poser pour évaluer un droit au bail avant achat
- Quelle est la durée restante du bail ?
- Le loyer est-il sous-évalué ou risque-t-il d’augmenter fortement ?
- Y a-t-il une clause de destination trop restrictive pour mon activité ?
- Quelles sont les charges récupérables prévues ?
- Le bailleur a-t-il déjà donné son accord pour la cession ?
Quels sont les coûts liés au droit au bail ?
Bien entendu, le principal coût est le paiement du droit au bail en lui-même, cependant il faut aussi prendre en compte les frais annexes.
Il faut enregistrer la cession du droit au bail auprès du service des impôts de l’enregistrement du lieu de situation du local, en principe, c'est le repreneur du droit au bail qui paye cet enregistrement. Le tarif est basé sur le prix de cession et fonctionne par tranche d’imposition :
- 0 % jusqu'à 23 000 €
- 3 % entre 23 001 et 200 000
- 5 % au-delà de 200 000 €
Il faut aussi compter les frais du professionnel qui va rédiger l’acte de cession, que ce soit un notaire ou un avocat, et l’éventuel “pas-de-porte” (droit d’entrée) à verser au bailleur.
Comment signer un bail commercial étape par étape ?

Quels sont les pièges à éviter quand on est créateur d’entreprise ?
De nombreux entrepreneurs se précipitent sur la signature d’un bail sans en mesurer toutes les implications. L’un des pièges les plus fréquents est de s’engager sur un bail trop long ou rigide, sans clause de sortie adaptée. Une autre erreur courante : accepter un local mal situé ou trop cher par rapport à son chiffre d’affaires prévisionnel.
Il est également fréquent de négliger certaines clauses importantes, comme celles sur les travaux ou la possibilité de céder le bail. Enfin, beaucoup ne prennent pas le temps de comparer plusieurs offres, ce qui limite leur pouvoir de négociation.
La clé est de prendre le temps, de se faire accompagner et de ne rien signer à la légère.
FAQ : les questions fréquentes sur le bail commercial
Peut-on quitter un bail commercial avant 9 ans ? Oui, tous les trois ans avec un préavis de six mois, sauf clause contraire.
Le bail peut-il être résilié par le bailleur ? Seulement dans certains cas précis (expropriation, non-paiement, etc.). Sinon, une indemnité d’éviction s’impose.
Faut-il faire appel à un notaire ? Pas obligatoire, mais recommandé pour sécuriser les engagements importants.
Qu’est-ce que le pas-de-porte ? C’est une somme versée au bailleur à l’entrée dans les lieux. Il peut s’agir d’un loyer supplémentaire ou d’un droit d’entrée non remboursable.
Pourquoi bien comprendre son bail commercial change tout ?
Le bail commercial n’est pas un simple document administratif : c’est un pilier de votre projet entrepreneurial. Le comprendre, le choisir avec soin et le négocier intelligemment peut faire toute la différence entre un développement serein et de futurs blocages.
Avant de signer, anticipez vos besoins futurs : l’évolution de votre activité, la possibilité d’agrandir ou de sous-louer, ou encore la revente. Prenez le temps de lire et de comprendre chaque clause du bail. Faites-vous accompagner par des professionnels (avocat, expert-comptable, agent immobilier), surtout si c’est votre premier bail.
Et notamment, ne vous précipitez pas. Un bail bien négocié, c’est une entreprise mieux protégée et un avenir plus serein.
Rédigé par Gabriel Vanderbecken
Gabriel, as de la création d'entreprise est un collectionneur de diplômes (trois à son actif en gestion, négociation et management, rien que ça !). En 1 an il a créé plus de 250 sociétés. Passionné par le sport et motivé par le fait de concrétiser les rêves de ses clients, il est toujours prêt à discuter d’idées innovantes et d’aider des entrepreneurs à se lancer ! Sa création la plus originale ? Un site de rencontre pour Végan, pour trouver sa moitié en toute simplicité !