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Résumé de l'article
- Une entreprise tous corps d'état (TCE) prend en charge l'intégralité d'un chantier de la conception à la livraison, en regroupant gros œuvre, second œuvre et finitions, devenant ainsi l'interlocuteur unique du client.
- Le modèle TCE offre une prestation clé en main avec un contrat unique, une meilleure coordination des délais, une rentabilité optimisée par la centralisation des achats, et des garanties légales centralisées (parfait achèvement, biennale, décennale).
- Les principaux défis incluent une responsabilité accrue sur l'ensemble du chantier, une complexité de gestion renforcée nécessitant une organisation millimétrée, et un investissement initial plus important en ressources humaines et matérielles.
- Aucun diplôme obligatoire pour créer une TCE, mais les activités réglementées (électricité, plomberie, maçonnerie) nécessitent un CAP/BEP ou 3 ans d'expérience salariée justifiée, ou le recrutement d'une personne qualifiée.
- Les statuts juridiques recommandés sont la SAS/SASU (pour ceux qui privilégient les dividendes ou touchent les ARE) ou la SARL/EURL (pour ceux qui ont besoin d'une rémunération mensuelle), offrant une responsabilité limitée aux apports.
- Il n'est pas nécessaire de recruter tous les corps de métier dès le départ : constituer un noyau dur et sous-traiter les autres spécialités permet de limiter les charges fixes et d'adapter l'effectif aux chantiers.
Podcast sur la création d'entreprise
Créer une entreprise tous corps d’état : diplômes, démarches et choix du statut juridique
Avant même de réfléchir au statut juridique, il est essentiel de comprendre les compétences attendues et les conditions d’accès à ce type d’activité. Lancer une entreprise tous corps d’état demande à la fois une légitimité professionnelle et une structure juridique adaptée.
Faut-il des diplômes ou des qualifications spécifiques ?
Il n’existe pas d’obligation générale de diplôme pour ouvrir une entreprise tous corps d’état. En revanche, certaines activités du bâtiment sont réglementées.
Si votre société réalise elle-même des travaux d’électricité, de plomberie, de chauffage, de maçonnerie ou de couverture, vous devez pouvoir justifier d’une qualification professionnelle pour ces métiers (diplôme, expérience ou équivalence).
Selon la réglementation française :
- Diplôme ou équivalence : CAP, BEP ou titre professionnel dans le domaine concerné.
- Expérience : au moins trois ans d’activité salariée dans le métier peuvent suffire pour prouver vos compétences. (fiches de paie, attestation employeur, certificat de travail)
Ou si vous n’avez pas l’expérience requise à titre personnel,
- Recruter une personne disposant des compétences requises : dans ce cas, il sera nécessaire de fournir une promesse d’embauche, une pièce d’identité du candidat ainsi que ses diplômes ou justificatifs d’expérience
Choisir le bon statut juridique
Le choix du statut dépend de vos ambitions, de votre situation professionnelle mais aussi personnelle.
Les statuts juridiques les plus couramment choisis pour créer une entreprise de travaux tous corps d’état (TCE) sont la SAS/SASU ou la SARL/EURL. Ce secteur se caractérise par des chiffres d’affaires potentiellement élevés, mais aussi par des charges importantes liées à l’activité. Pour cette raison, les porteurs de projet privilégient généralement la création d’une société plutôt que le statut de micro-entrepreneur, moins adapté à ce type d’activité.
Opter pour une société permet également de protéger son patrimoine personnel, un atout rassurant dans un domaine souvent exposé à des risques techniques, juridiques et financiers.
Ensuite le choix entre les différents va se faire en fonction de vos attentes et votre situation personnelle.
Voici un tableau comparatif des caractéristiques des différents statuts de société :
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Critère |
SAS / SASU |
SARL / EURL |
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Direction |
Président (assimilé-salarié) |
Gérant (majoritaire ou minoritaire) |
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Protection sociale |
Régime général |
Sécurité sociale des indépendants |
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Rémunération |
Salaire : 75% de charges sociales par rapport au salaire versé Mise en place de fiches de paie |
Rémunération : 45% de charges sociales par rapport au salaire versé Pas de fiches de paie, simple virement |
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Dividendes |
Flat taxe : 30% |
57,8% |
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Patrimoine |
Responsabilité limitée aux apports |
Responsabilité limitée aux apports |
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Profil |
Recommandé pour : - les personnes qui ont des des revenus en parallèle ou qui touchent les ARE, qui ne vont pas avoir besoin de salaire mais souhaitent plutôt prétendre à des dividendes en fin d’exercice - Les personnes qui ont des soucis de santé ou qui s’approchent de la retraite |
Recommandé pour : - Les personnes qui ont besoin d’une rémunération mensuelle et sans soucis de santé |
Le choix du statut juridique est une étape essentielle, car il influencera non seulement la santé financière de votre entreprise, mais aussi la réussite de votre projet et votre situation personnelle. Pour faire les bons choix dès le départ, il est vivement conseillé de se faire accompagner, tant dans le choix du statut que dans les démarches de création.
Vous avez un disposition un simulateur de statut juridique pour vous aider à choisir le statut le plus adapté à votre situation.
Vous pouvez également prendre rendez-vous pour faire le point sur votre projet et avancer en toute sérénité.
Quels sont les avantages et inconvénients de créer une entreprise tous corps d’état ?
Choisir le modèle TCE, c’est proposer bien plus qu’un simple service de construction ou de rénovation. C’est une véritable offre globale qui séduit autant les clients que les professionnels du secteur. Cette approche ouvre la voie à une meilleure coordination, une rentabilité renforcée et une image de marque plus forte.

Les avantages de l'entreprise TCE
Une offre globale qui séduit les clients
Avec une prestation complète : de la conception aux finitions, votre entreprise devient l’interlocuteur unique pour tout le projet.
Pour un client, cette formule « clé en main » représente un gain de temps considérable et la tranquillité d’avoir un seul contrat, un seul devis et une seule facture. C’est aussi l’assurance d’une cohérence esthétique et technique, puisque l’ensemble des travaux est pensé et piloté par la même équipe.
Résultat : votre attractivité commerciale augmente. De nombreux maîtres d’ouvrage préfèrent payer un peu plus cher pour ce confort de suivi.
Une meilleure coordination et des délais maîtrisés
En regroupant tous les corps de métier sous votre direction, vous pilotez directement le planning du chantier et la gestion des équipes. Fini les retards liés à des sous-traitants qui ne communiquent pas entre eux : vous ajustez les interventions en temps réel et pouvez résoudre rapidement les imprévus.
Cette gestion centralisée permet de réduire les temps morts, d’éviter les doublons et d’offrir au client une livraison plus rapide et plus fiable.
Bon à savoir : une planification rigoureuse, combinée à un chef de chantier expérimenté, est un levier clé pour maintenir les délais et la satisfaction client.
Une rentabilité optimisée
Centraliser les achats, négocier les fournitures en volumes, mutualiser les ressources humaines, tout cela favorise une marge globale plus élevée que dans un modèle reposant uniquement sur la sous-traitance.
Vous gardez le contrôle des coûts à chaque étape : matériaux, main-d’œuvre, location de matériel.
Cette maîtrise de la chaîne de valeur vous permet non seulement de protéger vos marges, mais aussi d’être plus réactif en cas d’imprévu.
Bon à savoir : une bonne gestion TCE facilite les économies d’échelle et renforce votre pouvoir de négociation auprès des fournisseurs.
Des assurances et garanties légales qui rassurent
Au-delà de la prestation, votre entreprise centralise les garanties légales :
- Garantie de parfait achèvement (1 an)
- Garantie biennale (2 ans sur les équipements)
- Garantie décennale (10 ans sur la solidité de l’ouvrage)
Ces protections renforcent la confiance du client et constituent un argument commercial décisif.
Bon à savoir : La Responsabilité Civile Professionnelle (RC Pro) n’est pas obligatoire mais vivement conseillée. Elle couvre les dommages matériels, corporels ou immatériels causés à des tiers pendant vos travaux et peut être exigée par vos clients.
Les inconvénients de l'entreprise TCE
Lancer une entreprise TCE comporte des risques notables liés à la complexité de gestion et au poids des responsabilités. Si le potentiel est grand, les défis le sont tout autant, et une bonne préparation technique et financière est nécessaire pour ne pas voir son projet entrepreneurial s'effondrer.
Une responsabilité accrue
En tant qu’interlocuteur unique, vous êtes responsable de l’ensemble du chantier, même pour les travaux réalisés par des sous-traitants.
En cas de malfaçon, de retard ou d’accident, c’est votre entreprise qui doit répondre aux obligations légales et financières. Il est donc essentiel de sécuriser vos contrats et de souscrire les assurances adaptées (Responsabilité Civile Professionnelle, garantie décennale).
Bon à savoir : vérifiez que toutes les activités de vos sous-traitants sont bien couvertes par votre assurance. Un défaut de couverture peut avoir de lourdes conséquences.
Une complexité de gestion renforcée
Coordonner plusieurs corps de métier, organiser les plannings, gérer les ressources humaines et le matériel : tout cela demande une organisation millimétrée.
Il ne suffit pas de connaître le bâtiment, il faut aussi maîtriser la logistique, le management et la communication entre les équipes. Un planning mal anticipé peut entraîner des retards coûteux. Faire appel à un chef de chantier expérimenté ou un responsable de projet dédié est souvent indispensable pour un fonctionnement fluide.
Un investissement initial plus important
Créer une entreprise TCE nécessite des capitaux plus élevés qu’une activité spécialisée.
Vous aurez besoin d’équipes qualifiées, de matériel adapté et d’un fonds de roulement suffisant pour financer les premières commandes avant les encaissements clients.
Ce besoin en ressources humaines comme matérielles doit être clairement intégré dans votre business plan.
Bon à savoir : prévoyez une trésorerie solide et des partenariats bancaires fiables pour couvrir les achats de matériaux et les premiers salaires.
Les questions courantes sur la création d'une entreprise TCE
Abordons maintenant les questions pratiques que se posent tous les futurs entrepreneurs du secteur. Avoir des réponses claires sur ces points est un prérequis pour construire un projet solide et viable sur le long terme.
Quelle est la différence avec un projet classique ?
Contrairement à un projet classique où le client doit coordonner plusieurs artisans, la TCE regroupe toutes les compétences au sein d'une seule structure
Elle se distingue ainsi :
- de l'architecte, qui élabore les plans ;
- du maître d’œuvre, qui organise le chantier mais ne réalise pas lui-même les travaux.
Ici, l’entreprise TCE réalise et supervise directement l’ensemble.
Quels sont les métiers intégrés dans une TCE ?
Une entreprise tous corps d’état regroupe l’ensemble des savoir-faire nécessaires :
- Gros œuvre : maçonnerie, charpente, fondations
- Second œuvre : isolation, électricité, plomberie, menuiserie
- Finitions : peinture, revêtements, installation des sanitaires
Certaines sociétés choisissent de se spécialiser, par exemple dans la rénovation énergétique ou l’aménagement de locaux professionnels.
Bon à savoir : se positionner sur une niche, comme la rénovation écoresponsable, peut être un excellent levier de croissance.
Faut-il être un expert dans chaque métier du bâtiment ?
Non, il n’est pas nécessaire de maîtriser toutes les spécialités. Votre rôle ressemble à celui d’un chef d’orchestre : vous devez comprendre l’ensemble des métiers et savoir les coordonner, mais pas forcément exécuter chaque tâche. S’entourer de professionnels qualifiés est la clé pour livrer un chantier de qualité.
Bon à savoir : La formation continue en gestion de projet et sur les normes du bâtiment reste un excellent investissement pour rester compétitif.
Dois-je recruter tous les corps de métier en interne dès le départ ou puis-je sous-traiter ?
Il n’est pas indispensable de constituer une équipe complète dès le lancement. Beaucoup d’entreprises TCE commencent avec un noyau dur (maçonnerie, électricité, plomberie) et sous-traitent les autres spécialités. Cette approche permet de limiter les charges fixes et d’adapter l’effectif en fonction de la taille des chantiers.
Est-ce plus avantageux de créer une société ou de démarrer en auto-entrepreneur ?
Le statut d’auto-entrepreneur peut convenir pour tester le marché ou pour une activité limitée en sous-traitance. En revanche, il atteint vite ses limites : plafonds de chiffre d’affaires, absence de TVA récupérable, et responsabilités légales importantes.
Pour une entreprise TCE gérant plusieurs corps d’état et des chantiers conséquents, la création d’une société (SAS, SASU, SARL ou EURL) est vivement recommandée.
Comment organiser efficacement les plannings entre les différents corps d’état ?
La réussite d’un chantier TCE repose sur une planification millimétrée. Utilisez un logiciel de gestion de projet comme Trello, Monday, ou des outils spécialisés BTP (Batappli, OBAT). Prévoyez également des marges de sécurité entre chaque corps d’état pour absorber les imprévus et éviter les retards en cascade.
Références et sources :
Légifrance.gouv.fr : Code civil – Article 1792 et suivants
Service-Public.fr : Entrepreneur en bâtiment : conditions d'accès et d'exercice en France
Service-public.fr : Service-Public.fr – Les formes juridiques d’entreprise
Ecologie.gouv.fr : Réglementation construction
Rédigé par Grégoire Charroyer
Grégoire, avec une décennie d'expertise dans la création de société, il est incollable sur les sujets entrepreneuriaux. Son objectif ? Démystifier la création d'entreprise. Hors du travail, il se passionne pour le tennis, la course à pied et se plonge dans des romans policiers. Sa réalisation la plus folle ? Un service de Dog Sitting couplé à un traiteur à domicile pour chiens, alliant affaires et fantaisie.
